LES TRAUMATISÉS

ls sont deux. Leurs mères sont toujours présentes. L’une avait une plaque de titane dans le crâne, l'autre avait un stimulateur cardiaque dans la poitrine.

Ils testent et répètent des dialogues qu'ils ont écrits sur le titane et l'acier et le cuivre et le bisphénol-A et les grands penseurs ignorés par l'histoire qui ont fait la lumière sur les corps humains.

Ils sauvent de l'oubli les intellectuels qui ont passé un très mauvais moment et se comparent à eux mais sortent vainqueurs car eux passent un bon moment.

Nous nous souvenons d'anecdotes racontées lors des dîners de Noël par nos grands-parents Stephen et Stephen. Hawking et King. Deux champions des noirs.

Il y a dans le mouvement de leurs corps, quelque chose de lumineux qui a à voir avec l'être ensemble, avec le moment présent, avec le regard d'un public hypothétique, avec la mémoire comme fiction. Et il y a aussi quelque chose de sombre qui a à voir avec la détérioration, avec la chute à plat, avec la perte d'un membre, avec les camps de concentration, avec la honte, avec l'impossibilité de se consoler. Une bataille ou plutôt la violente harmonie entre cette lumière et cette obscurité qui composent leurs corps.

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